L’expédition au Salar de Uyuni, j’en rêve depuis que j’ai vu les photos de perspective de Steph et Tof sur le désert de sel. Ce paysage semble si magique ! Cette excursion fait donc partie des plus attendues du tour du monde. Et en plus, cette fois-ci, nous ne serons pas seuls : une invitée surprise s’est greffée à notre planning…
Arrivée à Uyuni
Il faut plus d’une heure et demie au bus qui nous conduit pour sortir de La Paz. En effet, nous n’avons pas choisi le bon : celui-ci s’arrête prendre des gens à chaque coin de rue ! C’est donc cinq heures plus tard que nous descendons à Oruro. Nous y prenons le train, plutôt qu’un autre bus, sur les conseils du Lonely® qui annonce la route dangereuse. On imagine des virages serrés, dont on a déjà eu notre dose pour rejoindre Nazca, au Pérou, mais on apprendra par la suite que la route est toute droite – elle longe d’ailleurs les rails de chemin de fer – mais très caillouteuse. Une route trop droite, en Amérique du Sud, est synonyme d’accidents parce que les conducteurs dépassent à tout-va, sans regarder s’il y a quelqu’un en face ! Nous avons d’ailleurs voyagé plusieurs fois à l’avant et il vaut mieux garder les rideaux fermés, au risque de faire une crise cardiaque toutes les deux minutes ! Mais pas d’inquiétude, nous n’avons encore jamais eu de problème !!! Sept heures plus tard, nous arrivons à Uyuni. Il fait nuit depuis longtemps et Murvin, prévoyant, a réservé l’hôtel depuis une cabine téléphonique à Oruro. Heureusement d’ailleurs car les deux premiers appelés annonçaient déjà complets ! Les chambres sont situées à l’étage et donnent toutes sur la cour intérieure. La température est glaciale et on se rendra compte qu’il ne fait pas plus chaud à l’intérieur. On s’habille de pied en cap, les chaussettes en alpaga du Pérou ressorties avec plaisir ! Heureusement que les serviettes de l’hôtel nous apportent un peu de chaleur : le hasard fait bien les choses, Murvin reçoit une serviette où il est écrit Mauritius !
Le lendemain, nous « visitons » rapidement la ville, composées uniquement d’agences – 80, annonce le Lonely® ! – de restos et de boutiques de souvenirs. Le marché est sympa, authentique, nous en profitons pour faire le plein de fruits qui nous ont manqué ces derniers temps. Puis c’est le tour des agences. Leur baratin est le même partout, tout comme le prix, seules les explications sont plus ou moins détaillées et présentées avec plus ou moins d’entrain. On n’a finalement que ce critère pour choisir ! On se laisse ainsi séduire par celui qui a passé le plus de temps à nous expliquer le trajet, en photos sur son ordinateur et avec le sourire. L’Office du Tourisme offre un comparatif intéressant : un livre d’or est à disposition des touristes revenant d’excursion, pour noter leurs impressions – positives ou négatives – et aiguiller ainsi les futurs voyageurs. Manque de chance, nous sommes samedi et l’office est fermé tout le week-end ! Il nous faudra donc décider seuls. Mais nous ne sommes pas pressés : nous ne prévoyons de ne partir que le lundi et nous ne voulons pas réserver sans nos deux futures compagnes de voyage.
Elles arrivent en bus au petit matin, mais nous n’avons aucune idée de l’horaire exact. On fixe notre réveil sur 7h, espérant secrètement qu’elles ne seront pas là plus tôt ! Grâce aux mails, on a pu se donner rendez-vous à l’hôtel et elles connaissent notre numéro de chambre. A 8h, toujours personne. Je sors acheter du pain pour le petit-déjeuner, et qui vois-je à la réception ? Julie ! Les retrouvailles sont émouvantes, après plus de 2 ans sans se voir. Elle passe 3 semaines entre le Pérou et la Bolivie, en compagnie de son amie d’architecture, Elisa. Elles viennent tout juste d’arriver, ont déjà réservé une chambre et s’apprêtaient à aller boire quelque chose de chaud en attendant une heure plus convenable pour venir frapper à notre porte. Nous remontons le temps, devant un chocolate caliente et c’est comme si nous ne nous étions jamais quittées !
Nous retournons ensuite à l’agence. Le responsable leur explique à leur tour le trajet et on finit par réserver. Pour le déjeuner, nous nous laissons entraîner par les filles jusqu’aux bouis-bouis du marché. Elles sont plus aventureuses que nous, qui avons été refroidis par ce genre d’échoppes depuis l’épisode de la Salmonelle juste avant l’Inka Trail. Mais tout a l’air frais du jour et on mise sur la température qui ne se prête guerre au développement de bactéries ! On achète chacun un sandwich à la viande rôtie, agrémenté de salade, échalotes, tomates et sauce pimentée. Gourmandes, Julie et moi nous laissons tenter par une pomme de terre frite fourrée à la viande hachée. Mais, pour compenser, nous nous partageons un avocat qui, manque de bol, s’avérera mûr seulement en surface !
L’après-midi, chacun vaque à ses occupations. Murvin et Elisa vont se reposer, tandis que Julie et moi nous racontons nos vies !
Le Salar de Uyuni
Le départ est prévu à 11h, mais pour Murvin et moi qui traverserons la frontière pour le Chili, il nous faut passer à l’immigration s’acquitter de la taxe d’entrée et faire tamponner nos passeports. Le chauffeur arrive finalement à 11h30, mais nous sommes les seuls à monter alors qu’on nous avait annoncé un convoi de six touristes. Nous nous arrêtons un peu plus loin prendre non pas deux, mais trois jeunes filles ! C’est un peu osé de nous faire payer une voiture pour 6 et de finalement rajouter au dernier moment une personne supplémentaire ! On sent qu’on nous a menti, volé et on craint de ne pas en être à notre première surprise… Heureusement, les filles sont très chouettes, du même âge que nous et bien que nous soyons un peu serrées à l’arrière, le trajet se passe bien. José, le guide, parle en espagnol avec Murvin à l’avant et celui-ci traduit pour les deux anglaises, Sophie et Tanwen. Caroline, quant à elle, est française.
Nous faisons notre premier arrêt à Colchani, pour du… shopping ! Pulls en alpaga, bonnets, gants, sacs, boucles d’oreilles, on peut acheter de tout ! C’est là que nous voyons les premières maisons construites en briques de sel. De nouveau sur la route, on perçoit le changement de couleur du sol qui devient de plus en plus blanc et aride. On croirait de la neige ! Nous nous arrêtons finalement devant une étendue blanche à perte de vue, ponctuée de petits monticules de sel. José nous explique que c’est une technique pour le faire sécher. Nous quittons le lieu d’exploitation pour un désert lisse et immaculé. Nous sommes impatients de faire des photos de perspective ! Dès les premières, nous sommes bluffés ! J’imaginais qu’il fallait une grande distance entre le sujet en avant-plan et celui en arrière-plan mais à peine quelques mètres suffisent. Les photos rendent vraiment bien, et on rit aussi beaucoup des poses des autres touristes, qui, vues d’un point de vue différent, ne traduisent aucun effet !
Et voici une photo de la fine équipe, qui a nécessité quinze prises, grâce à José, couché sur le sol !
Avec plus de 10 000 km², le Salar d’Uyuni est le plus vaste désert de sel au monde. Il abrite aussi une grande réserve de lithium, sujet de polémique dans le pays. Ce minéral pourrait enrichir considérablement la Bolivie, mais au prix d’un grand désastre écologique car son exploitation nécessite énormément d’eau douce… sans parler de la pollution visuelle !
Après le déjeuner, nous atteignons l’île de corail d’Incahuasi, également appelée Isla del Pescado car elle ressemble à un demi-poisson. Lorsque le désert est couvert d’eau durant la saison des pluies, l’île se reflète dans le miroir ainsi formé et on peut alors voir le poisson en entier. Des cactus énormes, à l’aspect duveteux – ce n’est qu’un aspect ! – recouvrent l’île entièrement, renforçant le caractère incongru de cette étendue de terre au milieu du désert de sel. Le soleil commence à se coucher, il est temps de rejoindre l’hôtel. Il est entièrement érigé en briques de sel, c’est remarquable. Dans les chambres, les couvre-lits en velours rouge carmin me donnent l’impression de dormir dans un autre siècle.
Lagunas et Arbol de Piedra
Le lendemain, nous quittons le Salar d’Uyuni et mettons le cap vers le Sud. On admire les montagnes rouges et la chaîne de volcans qui sépare la Bolivie du Chili. On s’arrête pour admirer les fumerolles du volcan Ollague.
Pour cela, nous grimpons sur des anciennes coulées de lave qui ont refroidi en formant des reliefs rouges particuliers : arcades, alvéoles… Le paysage ressemble davantage à Mars qu’à la Terre!
S’ensuit ensuite une série de jolies lagunes de différentes couleurs. Cañapa est à moitié recouverte de sel, son eau est d’un beau bleu profond. Hedionda est peuplée de nombreux flamants roses et sent très fort le soufre. Charcota possède des parties rougeâtres tandis qu’Honda est toute grise.
Nous poursuivons notre circuit jusqu’au désert de Siloli où l’on admire d’extraordinaires formations rocheuses bâties par le vent, dont le fameux Arbol de Piedra (arbre de pierre). Nous terminons la journée par l’étonnante Laguna Colorada, avec les volcans en toile de fond. Son impressionnante couleur rouge serait due à la présence de minéraux et de certaines algues.
Le refuge est plus sommaire cette fois. Nous dormons tous les 4 dans la même chambre, tant mieux car la nuit est annoncée très fraîche ! Nous passons une excellente soirée avec nos compagnes de route à discuter, à rire et à boire du vin !
Les geysers, les eaux thermales et le Licancabur
Lever à l’aube pour arriver au petit matin à Sol de Mañana. Les geysers de vapeur brûlante et les cavités bouillonnantes de boue à l’odeur violemment soufrée trahissent une forte activité volcanique sous terre. Je suis impressionnée par la force qui s’en dégage ! Nous sommes à plus de 4850 mètres et comme souvent à une telle altitude, je sens que la tête me tourne et préfère m’allonger sur le sol avant de sentir mes jambes défaillir. Murvin, tel un chevalier, me porte sur son dos jusqu’au 4×4.
Les Aguas Calientes sont tout aussi spectaculaires : on peut se baigner dans une eau entre 34 et 38°C alors que dehors il fait si froid ! Nous n’avons d’ailleurs aucune envie de nous déshabiller de crainte de prendre froid en ressortant, d’autant plus que pour ma part, je me trimballe déjà un rhume depuis une semaine. On se contente d’y plonger nos pieds gelés qui, durant les premières minutes, nous brûlent tellement la différence de température est importante. Seule Elisa se montre courageuse. La voyant se baigner avec délice, je regrette un peu ma frilosité.
Pour finir, on rejoint l’extrême sud de la Bolivie, jusqu’au volcan Licancabur qui marque la limite avec l’Argentine et le Chili. Devant lui s’étend la Laguna Verde qui, en cette saison, est réduite de moitié et n’est plus très verte, seulement quelques nappes confirment son appellation.
C’est sur ce dernier panorama que nous traversons la frontière et faisons nos adieux aux filles. Nous nous rendons au Chili, à San Pedro de Atacama, tandis qu’elles retournent à Uyuni. Ces trois jours en bonne compagnie furent riches en partage, bonne humeur et gros fous rires ! Merci les filles !
Et en bonus, le making-off des photos du Salar, parce que c’est vraiment trop drôle !
Prochain article : Chili – San Pedro de Atacama et La Serena
Super article Murvin!! Et je suis fière d’en faire partie! 😀
De très bons voire trop bons souvenirs ces 3 jours, même si on était toujours les derniers! 😉 Une jeep pas toujours à 100% de sa performance!
Profitez bien de la suite de vos aventures! Que du bonheur à vous deux!
Héhé! Merci pour ton message. C’est vrai qu’on a peu mentionné notre carrosse qui entre les doigts de fée de José a su nous mener à bon port… C’est déjà un miracle en soi.. A très bientôt!
Murvin
Coucou vous deux!
Je me suis revue 6 ans plus tôt!
C est toujours aussi magique ; ).
Gros bisous
Salut ma Steph !
Heureuse de te rappeler de bons souvenirs 😉
C’est vrai que ces paysages sont vraiment impossibles à imaginer avant de les avoir vus !
Je t’embrasse fort !
Murvin qui s’envoie en l’air avec 6 nanas sur un lac salé…. On aura tout vu dans ce tour du monde 🙂
Vivement la suite !
Blague a part, j’adore les photos.
Josselin
Bonjour,
Je prévois de faire le trek au Salar de Uyuni début novembre, et comme j’aimerais moi aussi être transférée directement a San Pedro de Atacama, j’aimerais grandement avoir les contacts de l’agence par laquelle vous êtes passés, pour gagner du temps. De plus, vous rappelez vous du coût du trek par personne?
Merci beaucoup pour ces infos et pour votre blog, qui m’inspire beaucoup pour la construction de mon itinéraire (je vais parcourir la Colombie, l’Equateur, le Pérou, la Bolivie et le Chili (et faire le W a la Into the Wild, comme vous!)).
Bonne soirée
Marion
Bonjour Marion,
La plupart des agences proposent le transfert à San Pedro de Atacama car le trajet passe près de la frontière chilienne avant de revenir sur Uyuni. Il te faudra changer de van pour le côté chilien, mais c’est arrangé d’avance. Au niveau de l’agence c’était Sud Lipez mais je ne recommande pas du tout: on te fait payer le prix pour 6 et on est quand même 7 au final avec des heures de retard au départ afin de remplir le van. Heureusement qu’ensuite le chauffeur et le groupe était cool! Mais il avait prévu de démissionner donc je ne sais pas s’il est toujours là! Cela nous avait coûté 800 bolivianos incluant le transfert à San Pedro de Atacama. Bon courage pour la randonnée de Torres del Paine, on l’a fait à la fin de l’hiver donc pas beaucoup de monde mais très froid en Patagonie!
A très bientôt,
Murvin