Après une nuit dans le désert du Thar et la visite de la belle cité dorée, notre tour du Rajasthan se poursuit par deux autres cités colorées, Jodhpur la bleue et Jaipur, la rose. De forts en palais, nous n’avons de cesse de nous émerveiller.
La route vers Jodhpur nous prendra la journée mais elle sera ponctuée de quelques arrêts pour des visites en chemin. A peine avons-nous quitté Jaisalmer qu’il se passe un drôle d’évènement. Je ressens un violent coup dans la portière mais cela s’est passé tellement vite que je n’ai rien vu. Je me retourne pour tenter de comprendre. La voiture qui arrivait face à nous au moment de l’impact fait des zig-zag sur la route et une vache, qui cheminait tranquillement sur la voie opposée, gise désormais, morte semble-t-il, sur le bas-côté.
Depuis notre arrivée en Inde, nous avons pris l’habitude croiser des animaux sur la route, des vaches le plus souvent. Elles traversent lentement, ce qui laisse généralement le temps au conducteur de ralentir ou faire un écart. Cette fois, tout s’est passé trop vite et aucun de nous n’a compris que qui s’était passé. Comme Amit s’arrête pour estimer les dégâts, l’autre voiture s’enfuit ! Le conducteur se serait-il senti responsable ? Heureusement la voiture a bien résisté et a à peine été déportée. Cependant, les dommages sont plus sérieux que prévu : les portes avant et arrière sont bien enfoncées, je ne peux même plus ouvrir la mienne et le rétroviseur droit a été arraché. On s’émerveille de la solidité de cette auto! Amit, en revanche, est bien ennuyé. C’est la première fois, en cinq ans, qu’il fait un accident, nous dit-il. Son boss risque de ne pas être content… Nous continuons notre route : les réparations attendront le retour à Delhi.
Le premier site auquel nous nous arrêtons est Fort Pokran, dont il n’est pas dit un seul mot dans nos guides.
Comme d’habitude au Rajasthan, nous y croisons beaucoup de touristes. Mais cette fois, ils sont davantage indiens qu’étrangers. Je me fais photographier je-ne-sais-combien de fois par des jeunes filles qui rient beaucoup en me regardant, comme en Birmanie quand nous nous baladions avec mon frère et mes parents. Il faut croire qu’elles n’ont pas croisé beaucoup de blancs dans leur vie ou que j’ai l’air drôle !
Nous arrivons à Jodhpur en milieu d’après-midi. Avant d’aller dîner, nous flânons au marché. On y vend absolument de tout. J’aime cette ambiance vivante où déambulent des saris colorés.
Au Rajasthan, les femmes sont vêtues de couleurs vives. Quand leur sari n’est pas rouge, il est rose bonbon, orange flamboyant ou jaune soleil. Par pudeur, un des pans de tissu leur couvre souvent la tête voire même le visage. Les hommes aussi portent des couleurs vives pour leur turban : vert anis, orange, jaune ou à motifs. C’est un plaisir pour les yeux !
Le lendemain nous commençons la journée par la visite du cénotaphe Jaswant Thada construit en marbre blanc. Ses jhalis sont magnifiques. A l’intérieur, les portraits des anciens maharajas du 12e au 19e siècle sont tous dessinés de la même façon, de profil avec une grande barbe et une grosse moustache !
On enchaîne avec la visite du fort Mehrangarh, construit sur une colline rocheuse et taillé à même la roche, ce qui donne l’impression que la montagne se transforme en fort. On appelle cette région le Marwar, « Terre de la Mort », à cause de son aridité.
A côté de la grande porte à clous, des empreintes de mains couleur orange rappellent qu’une veuve s’est immolée suite à la mort de son époux. La tradition voulait en effet que les femmes de maharajas meurent sur le bûcher de leur époux. A l’intérieur, c’est une succession de salles, de petites cours et d’étages. La salle des miroirs brille de mille feux. Depuis le dernier étage du fort, la vue sur la ville est splendide. On se rend mieux compte, vue d’ici, pourquoi Jodhpur est appelée la ville bleue. Initialement, le bleu était utilisé pour différencier les maisons des Brahmanes, aujourd’hui tout le monde peut peindre sa maison en bleu.
Pour le déjeuner, nous suivons Amit dans un resto local sur la devanture duquel aucune enseigne ne précise l’activité. Une fois de plus, nous n’aurions pu le dénicher seuls. On laisse Amit choisir pour nous : dholl, chapatis. carry végétarien et yaourt qui permet de soulager le feu du piment !
Nous nous baladons ensuite dans les Jardins de Mandore, très appréciés des indiens le week-end. On y croise aussi des jeunes filles en uniforme, très heureuses de rencontrer une européenne. Les jardins sont envahis par une horde de singes, paraît-il féroces, mais comme ils sont bien nourris par les badauds, ils restent plutôt gentils. On s’amuse à les regarder se manger les puces des uns des autres. Au centre se dresse un temple jain : le travail est épuré mais pas moins remarquable.
On se rend ensuite à Umaid Bhawan Palace, dessiné par un architecte anglais pour le maharaja Umaid Singh qui en fit la résidence principale de la famille royale. Ce palais est aujourd’hui l’une des plus grandes résidences privées du monde et abrite un hôtel prestigieux. Il fallut environ 15 ans, 3000 ouvriers et 11 millions de roupies pour le terminer. On dit que cette construction était plutôt un prétexte pour offrir du travail au peuple pendant une période de forte sécheresse. Le bâtiment, constitué de blocs de sable agencés sans ciment, est admirable. Pour emboîter parfaitement les blocs les uns aux autres, les ouvriers les plaçaient sur un pain de glace et avaient alors tout le temps d’ajuster la position des blocs jusqu’à ce que la glace fonde.
Le soir, alors que nous terminions notre repas dans un très bon restaurant, Amit nous invite à jouer au carrom – billard indien ¬– avec lui et Ranjeet. Ce dernier est accompagné de ses clients, Aude et Raphaël, un jeune couple en voyage de noces effectuant à quelques étapes près le même tour du Rajasthan que nous. Tandis que les hommes jouent, français contre indiens, se défendant plutôt pas mal, Aude et moi passons la soirée à discuter. J’apprends ainsi qu’ils vivent près de chez nous, dans le Gers, où ils ont ouvert un gite. Encore une belle rencontre dans ce tour du monde… On espère avoir l’occasion de les revoir au retour.
Nous reprenons la route le lendemain, en direction de Jaipur et nous arrêtons en chemin à Pushkar, la ville des hippies. Le temple brahmane ne nous retient pas longtemps ; les nombreux étals de pantalons bouffants, robes et jupes aux couleurs chatoyantes m’attirent bien plus ! La ville se résume à une grande rue commerçante qui serpente autour d’un lac sacré. Tentant de nous en approcher, un « prêtre » ou ce qu’il prétend être, souhaite absolument prier pour nous – on sait qu’il faudra le rémunérer pour cela. Il poursuit Murvin, le harcelant tellement que nous rebroussons chemin et rejoignons le lac par un autre accès. Le plafond nuageux est bas, menaçant, il semblerait que le ciel, les maisons et le lac ont la même couleur. Ce lieu a assurément une atmosphère mystique.
On retrouve Amit au bout de la grande rue, devant un temple sikh. Il est occupé à balayer le parvis. Je suis admirative de cette dévotion des fidèles qui entretiennent s’occupent gratuitement de leur lieu de culte, tenant à le garder toujours propre et accueillant. Quand on lui demande s’il connaît un resto dans les environs, il nous indique tout simplement le temple. En effet, un repas simple mais consistant y est offert à tous et à toute heure, sans en attendre obligatoirement une compensation.
Nous atteignons Jaipur en début de soirée. Nous roulons encore durant une heure dans la ville avant d’atteindre notre hôtel. Je suis étonnée de la taille de cette ville et plus encore quand j’y apprends le nombre d’habitants : 3 millions, soit environ 3 fois plus qu’à Maurice ! Oui, je me suis convertie aux mesures de Murvin ! Après cette longue route tranquille, la vue d’autant de voitures et de gens m’étourdit. Je me demande si nous allons cette fois encore loger dans un Haveli, dont la présence dans ces rues très urbanisées semble insolite. Mais oui ! Engoncé entre deux grands immeubles gris, il se détache par ses couleurs bariolées, rien à voir avec les mignonnes demeures où nous avions logé jusqu’ici. L’intérieur est plus joli, sans être plus sobre et notre chambre chargée de rideaux épais et papiers peints à fleurs a même un air très classe.
Le lendemain, nous nous rendons d’abord à Ambert Fort, en dehors de la ville.
On peut y grimper à pied ou à dos d’éléphant. Il y a beaucoup de monde mais le fort étant tellement grand, nous nous retrouvons souvent seuls dans les nombreuses salles en enfilade.
Tout comme dans les temples d’Angkor, les grands groupes restent dans les larges cours et ne s’aventurent pas dans les petites pièces. Nous apprécions ainsi plus encore de nous y perdre…
Sur la route de retour vers Jaipur, nous passons devant le Jal Mahal, un palais construit sur l’eau.
A Jaipur, nous visitons les nombreuses cours et petits palais du City Palace.
On rejoint ensuite à pied Jantar Mantar, le centre d’astronomie de l’époque. Murvin m’explique les usages de ces instruments aux dimensions monumentales.
Nous poursuivons la visite de la ville par Hawa Mahal, le palais des vents, construit pour les femmes de la cour du Maharaja.
Quant au musée Albert Hall, il nous émerveille davantage par sa superbe architecture que par ses collections hétéroclites.
Selon le désir d’Amit, nous passons tous les trois l’après-midi au cinéma. En attendant que les portes s’ouvrent, nous dégustons un délicieux chai parfumé au gingembre et à la cardamome. J’adore regarder leur manière de le préparer.
Malgré cet interlude, nous arrivons bien en avance à la séance. Amit et Murvin achètent chacun deux énormes cornets de pop corn, qui n’existent ici qu’en version salée. Nous nous installons à nos places respectives, en milieu de parterre. La spacieuse salle ressemble à un théâtre parisien. Nous sommes en semaine, elle n’est pas remplie et l’ambiance sera d’ailleurs moins animée qu’à l’ordinaire. Cependant, nous avons un bel aperçu : rires, huées ou applaudissements se succèdent selon les scènes. En tant que touristes, on vient d’ailleurs au cinéma indien davantage pour son ambiance que pour son film.
Notre séjour au Rajasthan tire à sa fin. Avant de rejoindre Dehli, nous passerons par Agra pour admirer l’une des plus belles merveilles du monde, le Taj Mahal. Ce Nord de l’Inde encore emprunt du souvenir des Maharajas était l’une des destinations phare de ce tour du monde, nous la quittons à regret. Heureusement, l’aventure n’est pas finie…
Mise à jour – Amit a maintenant sa propre voiture et organise lui-même ses tours du Rajasthan. Vous pouvez le contacter via son site internet Amit, chauffeur en Inde du Nord.
Très beau souvenir ….
Un dépaysement coloré cette terre des rois! A faire absolument dans un tour du monde!
On vous lit toujours avec plaisir, bises, marc.
Jodhpur est la ville que j’ai préféré au Rajasthan, c’est vraiment magnifique.
J’ai par contre un peu été déçu par Jaipur. Il y a de beaux monuments mais la ville est vraiment bondée, polluée et il y a beaucoup (trop) de voitures! L’Inde quoi 😉
Effectivement Jaipur ne fait pas exception en Inde! Mais heureusement que la région offre un peu de répit lorsqu’on se rend dans le désert du Thar. Cela permet de souffler et de s’isoler un peu! Bon voyage ou bon tour du monde!
J’ai TOUT lu. Vraiment intéressant et en plus bien rédigé !
Je garde précieusement tous ces commentaires pour me moment venu….
et m’empresse de contacter Amit.
Merci !!
Merci pour vos partages qui sont vraiment inspirants. Nous partons pour 12 jours d ici deux semaines, nous souhaitons partager notre voyage en deux visiter le Rajasthan et prévoyons de descendre dans le Kerala durant une semaine:
Il nous faut faire des choix entre les grandes villes . nous atterrissons à New Delhi . Nous faut il absolument visiter New Delhi ou lui préfère Jaipur ? Un grand merci pour votre retour,
Bien sûr un stop à Agra et au Tajmal, et Udaipur d ou nous prendrons l avion pour Cochin dans le Sud de l Indes .
Pourriez vous nous. Communiquer les endroits sympas ou vous avez loger ? Ce serait sympa 😊.
Nous contactons votre chauffeur: Parle t il Français ?
Dans l attente de votre retour,
Belles nouvelles aventures à vous
Nathalie