Battambang et Kompong Chhnang

Battambang et Kompong Chhnang

Après les temples d’Angkor et quelques jours en la charmante compagnie des jeunes de Preah Vihear, nous partons à la découverte de l’agréable ville de Battambang et nous baladons au village de Kompong Chhnang connu pour son artisanat et son joli village flottant.

Battambang, la ville préférée des expatriés

C’est une ville tranquille de petite taille où il fait bon vivre, loin de l’agitation de Phnom Penh et des touristes de Siem Reap. Nous commençons notre visite par une promenade à pied, admirant les anciennes maisons coloniales dont certaines possèdent encore leurs tuiles d’origine et longeant le fleuve Sangker qui est presque à sec. Quelques pêcheurs tentent tout de même d’y trouver quelques poissons en y jetant leurs filets.

Cambodge - Battambang - Maisons coloniales

S’arrêtant au bord du chemin à une petite échoppe dont il connaît les propriétaires, Vianney nous fait goûter au Nom Kom, un gâteau khmer en forme de pyramide à base de riz et garni de dhal (lentilles), enveloppé dans une feuille de banane. Nous en avions déjà testé de semblables à la noix de coco. Tous deux sont un vrai délice !

Phnom Banan et Phnom Sampeau

Cambodge - Phnom Banan Escaliers

L’après-midi nous nous rendons en tuk-tuk jusque deux temples. La chaleur est assommante et l’air frais produit par la vitesse est bienvenue. Phnom Banan est un temple où l’on accède après avoir gravi 358 marches. Heureusement qu’elles ne sont pas en plein soleil ! Il est en ruines mais conserve un certain cachet.

Cambodge - Phnom Banan

Cambodge - Phnom Banan - Bonzes

Il est aussi intéressant de se laisser guider par un enfant jusqu’à une grotte cachée sous la colline. A l’entrée un « guide » se propose de nous en éclairer l’intérieur à l’aide de ses lampes torches. Je me rends compte que tous les guides de toutes les grottes du monde entier ont la même manie : ils aiment trouver, à travers les nombreuses formations de stalagmites et stalactites des formes connues. Ici, il nous montre un éléphant, un ermite… Et en y regardant bien, en effet, ces « statues » naturelles sont d’un réalisme effarant ! Cette grotte a aussi un passé chargé d’histoire : un tunnel à présent comblé aurait servi aux khmers rouges.

Le Phnom Sampeau, situé un peu plus loin, est un grand site sacré. On y trouve plusieurs statues de Bouddha et trois temples. Vianney m’y apprend que, contrairement à la Birmanie et peut-être à d’autres pays dont je ne connais pas les coutumes, les femmes ne peuvent devenir nonne. Cependant, de vieilles femmes aux cheveux coupés ras s’occupent souvent des pagodes et vivent sur place.

Cambodge - Phnom Sampeau - Enfant

A nouveau, l’histoire des khmers rouges refait surface lorsque nous atteignons une grande fosse. Pour économiser leurs balles, les khmers rouges administraient à leurs prisonniers un coup de machette et les poussaient terminer leur vie au fond du trou. On a ainsi retrouvé des monticules d’os humains, maintenant placés sous vitrine, en commémoration de cet acte de barbarie. En redescendant la colline sacrée, le spectacle fut plus réjouissant. Nous admirons, pendant de longues minutes, une nuée de chauve-souris sortant d’une grotte perchée dans la montagne. Celles-ci, de 600 à 700 millions, quittent la grotte en un défilé qui dure environ une heure et reviennent aux petites heures du matin, une fois la chasse terminée. Cette procession continue, bien rangée et ponctuelle – chaque soir, à la même heure – est impressionnante !

Le soir, nous nous régalons d’une spécialité cambodgienne : l’amok, que l’on choisit au poisson. C’est une préparation délicieuse à base de lait de coco et de légumes.

Environs de Battambang à vélo

Le vélo, comme nous l’avions vu pour la visite de Bagan en Birmanie, est un excellent moyen pour découvrir un lieu étendu et tranquille et s’immerger dans la vie locale. Nos points d’intérêt pendant cette balade sont plusieurs pagodes, dont l’une est une rescapée de la destruction massive des édifices religieux par les khmers rouges. Alors que d’autres chanceuses avaient été converties en prison, hôpital ou caserne, celle-ci avait servi de grenier à riz ! Elle est vieille et abîmée, mais demeure à mon sens plus charmante que la grande pagode Wat Somrong Knong dorée en construction juste en face.

Cambodge - Pagode ancienne grenier a riz

Un peu à l’écart se tient un mémorial de la période des khmers rouges. Des bas-reliefs montrent des scènes qui ont réellement eu lieu et une explication brève en anglais y est associée. Entre autres atrocités, on voit le travail forcené des hommes, des femmes et des enfants dans les rizières, les tortures physiques pour faire parler les victimes et les morales comme la séparation des enfants de 3 à 9 ans de leurs parents. Effrayant ! Le plus difficile à croire est que cette période est toute récente : les khmers rouges ont dirigé le Cambodge de 1975 à 1979, c’est à dire après la seconde guerre mondiale et est tout aussi terrible que l’extermination des Juifs alors que je n’ai aucun souvenir de l’avoir étudié à l’école.

Notre balade nous conduit devant l’une des fabriques de « poisson pourri » que nous avons eu le privilège de goûter à Preah Vihear.

Cambodge - Poisson pourri

Cambodge - Poisson pourri entrepots

D’autres ateliers, de feuilles de riz cette fois, bordent le chemin.

Cambodge - Feuilles de riz

Les gens travaillent chez eux, artisanalement, et l’on peut s’arrêter contempler leur travail. Ayant vu maintenant sur quoi les feuilles étaient mises à sécher, nous comprenons mieux pourquoi les feuilles sont quadrillées !

Bambou Train

Cambodge - Bambou Train

Le Bambou Train mis en place pour les touristes demeure une expérience agréable. « Train » est un terme peut-être un peu présomptueux pour cet assemblage de quelques planches de bois posé sur deux essieux et envoyé à toute vitesse sur les rails à l’aide d’un petit moteur.

Cambodge - Bambou Train Rail

Il n’y a qu’une voie. Quand deux trains se rencontrent, c’est au convoi le moins chargé ou le moins long de s’arrêter, de faire descendre ses passagers, soulever les planches de bois, les poser sur le côté et laisser passer le plus encombrant. Le trajet dure une vingtaine de minutes.

A la « gare », des échoppes, rien que des échoppes évidemment ! Tee-shirts avec inscription Bambou Train, kramas – foulard cambodgien – et des enfants qui tentent de nous faire acheter leurs bracelets avec une patience sans limite… A l’écart, Vianney nous montre une petite usine à briques en terre cuite. La machine à briques ressemble à un appareil à spaghettis. On passe la terre dedans et on coupe les longues briques obtenues à l’aide d’un genre de gros fil à beurre !

Cambodge - Fabrication briques

Les briques sont ensuite cuites dans un énorme four pendant deux semaines – 80000 en même temps – et il faudra attendre deux semaines supplémentaires pour qu’elles aient complètement refroidi. Machine à spaghettis, fil à beurre, four, c’est une vraie histoire culinaire !

Le village flottant vietnamien à Kompong Chhnang

Le trajet en bus jusque Kompong Chhnang dure quatre heures. A l’un des nombreux arrêts, Vianney nous régale de petits gâteaux, toujours à base de riz, mais fourrés d’une banane cette fois. Ils sont tous chauds et caramélisés, on en a mangé de tels à plusieurs reprises mais ceux-ci sont les meilleurs du voyage.

Une partie du village est occupée par des pêcheurs vietnamiens immigrés après le régime des khmers rouges, espérant trouver au Cambodge des eaux moins polluées et plus prolifiques.

Cambodge - Pecheur Village flottant

N’ayant pas l’autorisation de devenir propriétaire d’une maison sur la terre ferme, ils se sont installés sur l’eau. Ce système a aussi l’avantage de leur éviter les inondations.

Cambodge - Kompong Chhnang Village flottant vietnanmien

Cette communauté vietnamienne vit recluse près du lac Tonlé Sap et rares sont ceux qui parlent khmer. Vianney tente d’ailleurs sans grand succès d’engager la conversation avec la dame qui nous conduit à travers les « allées » du village. Comme tous les villages, celui-ci dispose d’une église, d’une école, on se déplace de l’un à l’autre en barque ; les « épiceries » sont ambulantes, on les hèle depuis chez soi.

Cambodge - Kompong Chhnang

Cambodge - Kompong Chhnang Village flottant

Cambodge - Village flottant Kompong Chhnang

Artisanat aux environs de Kompong Chhnang

Cambodge - Enfant Kompong Chhnang

Les villages alentour où nous nous baladons en tuk-tuk sont spécialisés soit en poterie, soit en sucre de palme. Les premiers fabriquent une sorte de poêles à bois que l’on retrouve dans toute cuisine cambodgienne, sous lesquels la cuisinière lance le feu et sur lesquels elles pose ses casseroles. On assiste au processus de fabrication où chaque groupe de travailleurs est assigné à une tâche précise.

Cambodge - Atelier poterie

Dans la boutique associée, on trouve aussi une quantité d’articles de décoration d’une grande finesse tels que des photophores, des vases ou encore des services à thé.

Cambodge - Poterie

Cambodge - Tour a poterie

La récolte du jus de palme est également manuelle. Des hommes grimpent avec habileté dans les palmiers à l’aide d’une échelle en bambou fixée sur le tronc.

Cambodge - Palmier a sucre

Ils récoltent le jus en plaçant des bouteilles sous les fleurs incisées et remontent les chercher une fois pleines. Ce jus peut être vendu tel quel, mis à bouillir jusqu’à obtenir du sucre ou encore fermenté avec du bois pour en faire de l’alcool, appelé vin bien qu’il ressemble plutôt à du cidre.

Cambodge - Recolte sucre de palme

Nous aurons justement l’occasion de partager tous les trois un énorme pichet de cet alcool pétillant au goût particulier dans la petite paillote en plein air d’un bar qui semble en être spécialisé.

Cambodge - Degustation vin de palme

Je ne peux pas dire que je le recommanderais mais ça vaut le coup d’essayer. En revanche, j’ai adoré les délicieuses crevettes qui l’ont accompagné !

Cambodge -Crevettes vin de palmet

Après quelques jours dans le nord-ouest du Cambodge et près du grand lac Tonlé Sap, nous poursuivons notre voyage vers le sud. De jolis villes et paysages nous attendent encore : Kampot et son fameux poivre, Kep et ses côtes balnéaires et enfin la tranquille île du Lapin.

Cambodge - Campagnes Kompong Chhnang

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5 Comments

  • Que de bons souvenirs que votre article! Je n’ai pas eu le « courage » d’aller à Kompong Chhnang par peur de voir trop de misère mais j’ai certainement raté quelque chose.

    • Bonjour Charlie, nous venons ce matin même de discuter de Kompong Chhnang avec une lectrice de notre blog voyage 😊 et effectivement ce sont de bons souvenirs. Le peuple cambodgien est étonnant dans sa capacité à pardonner le passé et à se relever. Les associations locales contribuent énormément en matière de sortie de la pauvreté, grâce à l’éducation de la nouvelle génération post khmer rouge. À bientôt! Murvin

  • Hello
    Merci pour le message de retour. Oui je suis d’accord avec toi, le peuple Cambodgien est vraiment un peuple pacifique. A Phnom Penh j’ai vu des victimes embrasser leurs bourreaux quelques années après le régime de Pol Pot.
    D’ailleurs cet amour de la vie est présent dans leur mode de vie, ils n’ont toujours fait qu’une culture de riz par an pour profiter du reste de l’année. Génial. J’ai tellement aimé ce peuple,

  • Bonjour
    Je pars bientôt pour le Cambodge .
    J ai beaucoup aime votre périple de Battambang et ses environs.
    Je pense que nous allons marcher sur vos pas
    Vianney était-il votre guide ( je suppose que oui 🙂
    Comment puis-je le contacter svp ?
    Merci
    Bien à vous
    Ely

    • Bonjour Elisabeth!
      Merci pour ton message. Vianney c’est un ami qui a bien voulu jouer le rôle de guide car il parle khmer et connaît très bien le Cambodge pour y avoir vécu quelques années. Il est maintenant en France! Donc ça risque de vous coûter cher de l’emmener comme guide 🙂 (mais ça doit être possible! :-))
      Bon voyage ou bon tour du monde!
      Murvin

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