Le désert de l’Atacama et La Serena

Le désert de l’Atacama et La Serena

Il est des pays où l’on s’installerait bien rien qu’en lisant les guides et en découvrant les photos. Le Chili en fait partie. Après plus de 100 jours de tour du monde avec notre sac à dos, nous traversons la frontière avec la Bolivie à la fin de l’excursion du Salar de Uyuni. Première étape, le désert de l’Atacama de l’autre côté du volcan Licancabur.

L’Atacama

Le choc après la Bolivie

Chili - Licancabur en route vers Atacama

Partis de plus de 5000 mètres le matin, on descend progressivement aux alentours des 1800 mètres en enlevant des couches de vêtements au fur et à mesure. 100 km plus loin, il fait une chaleur à rôtir un vacuno au milieu du désert de l’Atacama. Puis le chemin du côté chilien se transforme en une route parfaite : goudronnée, signalisée. Drôle d’impression après 3 jours passés à trembler sur le circuit du Salar de Uyuni.

L’arrivée à San Pedro de Atacama contraste tout autant : les personnes croisées n’ont pas le même faciès. A l’inverse de la Bolivie qui compte le plus grand pourcentage d’indigènes, le Chili concentre la plus grande population issue de l’immigration européenne.

Nous passons plus de deux heures dans la file d’attente juste pour les papiers d’entrées au Chili. Un seul officier pour 150 personnes dans la queue. Ensuite c’est le contrôle minutieux des bagages. il existe une psychose au Chili en ce qui concerne les produits alimentaires étrangers: miel, fruits, produits artisanaux dérivés de plantes ou de bois, tout est contrôlé et souvent confisqué. Chloé tend ses affaires à l’officier en mangeant sa pomme, mais les procédures sont les procédures, uniquement les bagages sont fouillés. Je n’ai toujours pas compris comment elle a passé la frontière, le trognon à la main…

San Pedro de Atacama

Chili - Eglise blanche de San Pedro de Atacama

Quelques rues seulement composent le centre de San Pedro, mais quelle effervescence ! Des agences pour des tours dans le désert, location de vélo, activité de sandboarding, observation des étoiles au télescope et pléthore de restaurants. La petite église en adobe – mélange d’argile, d’eau et de paille séchée et hachée – est vraiment mignonne au centre du village. Malheureusement un seul distributeur automatique pour une foule venant d’arriver au Chili et avide de pesos. Ça y est, on peut enfin retirer et c’est vraiment le Monopoly, des billets touts neufs à l’aspect plastifié, de 5000, 10000 et 20000 pesos. Il faut changer immédiatement de mode de calcul mental. Le plus simple maintenant pour nous c’est de tout penser en dollars, on enlève 3 zéros, on multiplie par deux et le tour est joué. Enfin presque, car après le pays le moins cher d’Amérique du Sud, on est soudain revenu comme en France avec des prix nettement plus élevés. Mais c’est (presque) prévu dans le budget. Après une douche chaude bien méritée, allons découvrir le Chili !

La vallée de la Luna et la vallée de la Muerte

Revenant tout juste de l’excursion du Salar de Uyuni et des geysers du Sol de Mañana, on cible des paysages nouveaux. Le désert le plus aride du monde (entre 0 et 2 mm de pluie par an) a beaucoup à offrir. Une sortie nous tente : la vallée de la Luna et celle de la Muerte.

Chili - Vallee de la Muerte Atacama desert

La vallée de la Muerte (vallée de la mort) s’étend entre le Licancabur, frontière avec la Bolivie et la partie nord de l’Atacama. Il y a plusieurs hypothèses concernant son nom. Certains pensent que c’était un chemin emprunté par les Incas, rendu très difficile à cause de la chaleur perpétuelle, et où nombre d’entre eux périssaient. D’autres pensent qu’il s’agissait en fait de la vallée de Mars (Marte) – en parallèle de la vallée de la Lune – mais qui, mal prononcée par le belge Gustavo le Paige qui l’a découverte, s’est transformée en Muerte. Je préfère cette version car elle inclut un belge, mais à vous de choisir votre camp. Le paysage est effectivement martienChili - Caves de sel et quartz à cause de sa couleur et de ses monts pointus. Au loin on peut apercevoir de grandes dunes de sable et en tout petit quelques touristes qui font du sandboarding.

Nous découvrons ensuite les caves de sel dont les parois sont incrustées de quartz. Une partie du trajet se fait dans l’obscurité, mais la distance est beaucoup moins longue que les tunnels de lave des Galapagos.

Finalement on entre dans le parc de la vallée de la Luna en fin d’après-midi. Il faut emprunter un sentier de sable et de pierre qui grimpe un peu avant d’atteindre le sommet de la dune. De là, on domine la vallée de la Luna. Derrière nous se dresse la Cordillera de los Andes et devant nous la Cordillera de Domeyco. La vallée de la Luna, quant à elle, fait partie de la Cordillera de la Sal. La vue est magnifique avec quelques reflets crayeux, l’aspect du sol poussiéreux et crevassé fait penser effectivement aux paysages lunaires.

Chili - Coucher de soleil desert Atacama

On observe le spectacle depuis le haut de la dune, et on s’émerveille devant les couleurs changeantes au fur et à mesure que le soleil se couche. Mon paysage préféré reste le superbe volcan Licancabur (5916 mètres) qui rougeoie de plus en plus.

Chili - Vallee de la Luna Atacama desert

C’est dans la pénombre, puis la nuit que l’on regagne San Pedro de Atacama pour un peu de cuisine. Pour compléter le plat de légumes prévu par Chloé, j’ai repéré un vendeur de brochettes sur la route. Pour le dessert, Julie nous a offert un excellent chocolat belge aux noisettes qu’elle a ramené. Ah… ça m’avait manqué !

L’observation des étoiles

Chili - Observation des etoiles dans le desert AtacamaCe soir, Chloé, passionnée d’étoiles, a voulu aller observer les étoiles dans le désert avec un guide astronome français.

C’est l’un des meilleurs endroits au monde pour cette activité. Très peu de lumière, un ciel extrêmement clair et pas un nuage à l’horizon. L’observation se fait en deux temps, à l’œil nu puis à l’aide de plusieurs télescopes pointés vers la lune, les planètes, des étoiles et nébuleuses de la voie lactée.

Chloé me ramène en souvenir la lune prise au télescope dès sa descente du bus où je suis venu l’attendre… en tongs. J’avais oublié qu’il faisait un froid terrible la nuit aux abords du désert alors qu’il a fait 30 degrés la journée.

La Serena

Du désert de l’Atacama à la côte Pacifique

Chili - La SerenaC’est parti pour un après-midi et une nuit de bus de San Pedro de Atacama à La Serena. On fait d’abord escale à la Calama où les grands boulevards et centres commerciaux se succèdent: cela faisait depuis les Etats-Unis qu’on avait pas vu de mall.

La nuit est assez bruyante avec deux ou trois films. Le matin, le bus accuse déjà près de deux heures de retard. Mais ce n’est pas fini, à une heure de La Serena, il finit par se garer sur le bas-côté à cause d’un problème mécanique. Plusieurs bus de la même compagnie s’arrêtent pour tenter de résoudre le problème, mais rien n’y fait. Finalement, on changera de bus pour la dernière heure.

Le temps à La Serena est bien couvert et brumeux et il ne fait pas très chaud. On est dimanche, les rues sont désertes et beaucoup de commerces et cafés sont fermés. Nous cherchons le Wi-Fi pour savoir si l’oncle de Freddy qu’on avait rencontré en Equateur nous a répondu car il avait proposé de nous héberger… mais pas de réponse. Tant pis, nous faisons plusieurs hôtels pour finalement tomber sur un accueil des plus sympathiques chez Maria.

Maria et sa casa

Chili - La Serena cari de crevettesC’est la première fois depuis des mois qu’on loge dans une auberge avec cuisine commune ! Et de surcroît, équipée de tous les accessoires ! Les dernières spacieuses et agréables remontent à celles de Cheri et Diana à Providence et Boston. Quand on quitte son pays, on est bien obligé de s’habituer à un mode de vie différent du notre. Ce n’est pas facile au début, puis on finit par s’y habituer. Mais le plus drôle, c’est quand on retrouve cet ancien mode de vie et que c’est maintenant à celui-ci qu’on se sent étranger ! Tout n’est que question d’habitude, dit-on et c’est tellement vrai. Mille et une petites choses de notre vie ont dû changer pendant ces 3 mois en Equateur, Pérou et Bolivie et voilà que la modernité retrouvée, nous nous sentons un peu perdus.

Chili - La serena fruits de mer et vin carmenereMalgré tout, je n’ai pas oublié comment faire un bon cari de crevettes ! Comme je suis fan de l’aji découvert sur ce continent, on l’inclura à la place des petits piments de Maurice. Maria, très bavarde, reste discuter avec nous dans la cuisine, pendant que le gâteau au chocolat de Chloé cuit au four (une tuerie dont j’ai été contraint de me passer depuis 3 mois).

Avec Maria, on parle bien entendu de gastronomie chilienne. Nous avons prévu de cuisiner une de ses recettes ensemble dès le lendemain. Maria nous raconte longuement l’histoire de l’auberge, comment elle est passée de l’hébergement des amis de son fils à l’ouverture d’une auberge de jeunesse. On s’est aussi renseigné sur les activités et nous avons réservé un tour pour la vallée de l’Elqui.

 

La vallée de l’Elqui

La visite avec un guide chilien dont le grand-père est allemand et la grand-mère française débute par le barrage de Puclaro qui montre une réalité consternante : la retenue d’eau s’est vidée de 95% durant ces dernières années. La ligne de démarcation bien visible sur les flancs des montagnes atteste du niveau précédent.

Chili - Barrage de Puclaro Elqui La raison est simple, il ne pleut presque plus dans la région et cela empire d’année en année. Il y a 4 ans étaient encore organisées des compétitions de kite surf ici, mais aujourd’hui, par manque de fréquentation, les commerces et hôtels sont tombés en décrépitude. Encore une conséquence de l’action de l’homme sur la nature… ?

Chili - Pisco Sour ElquiLa bonne surprise est qu’il fait beau et chaud dans la vallée, contrairement à La Serena qui concentre le brouillard et le froid. La mauvaise surprise est que notre premier arrêt à la plantation de papayes – un des piliers de l’économie dans cette région – est fermée le lundi. L’agence avait « oublié » de nous prévenir au moment où l’on a signé avec eux. Soit. Nous allons ensuite à Montegrande où est née Gabriela Mistral, première femme sud-américaine à recevoir un prix nobel de littérature. On n’en saura pas plus car le musée qui lui est consacré est aussi fermé le lundi. On se rend ensuite dans le village de Pisco Elqui afin de visiter une pisqueria. Le pisco est un alcool de raisin abondamment produit dans la région. La visite se termine par une petite dégustation de pisco. Cela tombe bien, c’est l’heure de l’apéritif !

Chili - Restaurant solaire VilcasecaPour le déjeuner, nous nous rendons à Vilcaseca, dans un restaurant fonctionnant avec des fours solaires. Si le cadre est sympathique, la nourriture est basique. Puis nous visitons rapidement Vicuña et le seul interêt que nous avons trouvé ce sont ses glaces artisanales.

C’est déjà le retour et on s’est un peu ennuyé (c’est rare). De plus l’agence nous ayant vendu deux activités qui n’ont pas eu lieu, on a l’impression de s’être faits avoir. Malgré nos réclamations, elle ne veut rien entendre. On s’était un peu embourgeoisés en choisissant une agence pour se reposer un peu du mode routard, mais on est déçu. Ce tour peut se faire tout seul avec des bus et éventuellement une nuit sur place à Pisco Elqui. Allez voir les vignes dans cette région centrale du Chili ! Les personnes rencontrées qui l’ont fait ainsi par eux-mêmes en sont revenus enchantées.

Chili - Vignes vin Vallee ElquiC’est justement le programme du lendemain d’Aurélie et Christophe, deux français croisés à l’auberge chez Maria. Christophe est prof de sport et Aurélie d’italien. Nous partageons nos vins chiliens, avec les empanaditas al horno préparés avec Maria – les meilleurs que j’ai jamais mangés ! J’ai acheté un vin de cépage Carménère, une variété ayant disparu en Europe. C’est assez différent de ce que l’on connaît. Je le trouve très jeune et très fruité. On passe le reste de la soirée tous les quatre : un bien bon moment !

En route pour Valparaiso

Chili - Phare de la SerenaLe lendemain, nous allons visiter la grosse ville portuaire de Coquimbo. Nous profitons ensuite des dernières minutes de jour pour aller marcher du côté du phare de La Serena et voir le coucher de soleil. La vue de la mer est vivifiante, mais les constructions en béton le long de la plage viennent gâcher un peu le plaisir. Quand est-ce que l’homme réalisera qu’il défigure la nature ?

Le dîner se passe tranquillement et l’on fait la connaissance de Clémence de Paris et de Fanny de Montpellier. Cela permet d’échanger quelques bons plans et expériences mutuelles. A Valparaiso où nous allons demain, il ne fait que quelques degrés. Cela promet. Avant de nous coucher, on entame le deuxième gâteau au chocolat de Chloé en trois jours. On ne s’en lasse pas !

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2 Comments

  • Génial votre périple et merci pour vos commentaires. Nous partons dans 15 j au Chili, merci de nous indiquer les endroits qui vous ont paru les plus pittoresques et les adresses d’auberges conviviales.
    Cordialement.

    • Bonjour Valy!
      Merci pour ton commentaire. Tu peux te faire une idée des différents endroits sur les articles que l’on a déjà écrits sur le Chili. A venir, le carnet de route sur la Patagonie.
      Combien de temps vas-tu au Chili? et qu’aimes-tu en général (villes, campagne, montagnes, déserts, lacs…?)
      A bientôt,
      Murvin

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