Torres del Paine

Torres del Paine

Pour la énième fois dans ce tour du monde, nous passons la frontière Argentine-Chili. D’El Calafate, nous atteignons Puerto Natales, ville de départ vers le trek Torres del Paine.

Préparatifs à Puerto Natales

Chili - Puerto Natales

A l’auberge Singing Lamb construite en bois comme beaucoup de maisons du sud, nous sommes reçus par la souriante Karen. Notre chambre est située dans la partie qui vient tout juste d’être construite : ça sent le neuf, la décoration murale est assortie à la literie et la couette en plume est toute moelleuse… L’équipe est essentiellement composée de jeunes américains du Texas, qui sont de bons conseils pour le trek. L’auberge offre le petit-déjeuner avec du pain maison !  Elle est également équipée d’une cuisine à taille familiale très conviviale. Cependant, après la journée de bus, nous avons perdu tout désir de cuisiner !Chili - Puerto Natales - Singing Lamb

Nous sommes dimanche et comme dans beaucoup de villes, la plupart des restaurants sont fermés. Nous nous rabattons sur l’un des seuls ouverts qui propose du cordero (agneau). L’agneau de Patagonie est réputé et nous avons hâte de le goûter ! Pas de chance, au moment de commander la serveuse nous apprend que ce n’est pas la saison… Ils préfèrent ne pas proposer de surgelé qui n’est pas aussi bon. Moyen marketing pour faire passer la pilule ou preuve de bonne cuisine ? Nous choisissons un autre plat typique : le chorillana à base de différents morceaux de viande mélangés à des frites. Comme toujours, les portions sont très copieuses : on se partage le plat et allège la note calorique avec une salade de crudités !

La journée du lendemain est réservée à la préparation de nos sacs à dos et de l’itinéraire pour le fameux trek que nous comptons entreprendre dès le lendemain. Celui que nous avons choisi s’appelle le W. On peut le commencer par l’est ou par l’ouest. Tout dépend notamment du temps, de la quantité de neige sur les sentiers et des refuges ouverts en cette période – nous sommes encore en hiver. C’est toute une organisation car depuis le début du voyage, c’est la première fois que nous faisons un trek en totale autonomie, prévoyant de dormir sous tente et j’avoue qu’après tout ce qu’on a pu entendre – le froid, les rafales qui en décuplent la sensation, la neige – je commence à le craindre !

Nous nous renseignons auprès de deux compagnies qui proposent des informations gratuites. Nous posons toutes nos questions : quel type de sac de couchage faut-il prendre ? Quel sens est préférable ? A quelles températures devons-nous nous attendre et surtout, quel est le ressenti ? Elles se contredisent sur certains points, mais en recoupant les informations de l’une et l’autre, on parvient à se faire notre propre idée.

Murvin a envie d’un riz frit, plat typique de Maurice pour affronter les jours qui viennent. Comme on ne trouve pas les ingrédients qu’il nous faut, il remplace le poulet par de la viande hachée, les carottes par des brocolis et réunit le tout… sans sauce soja ! Et il ose encore appeler ça du riz frit !Chili - Torres del Paine - Carte Trek W

Nous partirons de l’ouest : nous espérons ainsi que le sentier menant aux tours s’ouvre en cours de route, nous permettant de le faire le dernier jour. Le vent soufflant apparemment dans ce sens, peut-être nous aidera-il à avancer… Avec la neige qui nous barre la route et les refuges fermés, on prévoit 4 jours au lieu de 5. Le W se transforme du coup en un F renversé !

Le premier jour trek du W

Lever matinal pour attraper le premier bus de 7h30. Comme nous avons choisi le départ de l’ouest, le bus nous dépose à l’Administration, à 17,5 km au sud du W. En haute saison, un catamaran permet de rejoindre directement le début du sentier du W mais en hiver cette liaison ne fonctionne pas. Nous avons donc dû prévoir un jour de plus. Il est déjà 11h45 lorsque nous nous mettons en marche. Le trajet commence sur la route mais dévie rapidement sur un sentier en pleine steppe.

Chili - Trek W - J1

On aperçoit des montagnes enneigées au loin. Le début du chemin est plat et tout droit, plutôt monotone, ce qui me donne l’impression de marcher durant une éternité. De plus, on se rend compte que les sacs sont dix fois trop lourds ! Ils ne sont pourtant remplis que du strict nécessaire. N’en connaissant pas le poids exact, on essaie d’estimer par rapport à ce dont on a l’habitude de porter tous les jours. Le mien pèse probablement la même chose, soit 15 kg ; celui de Murvin davantage que son sac habituel, c’est-à-dire environ 17-18 kg… On tente d’oublier que cette fois, nous ne le porterons pas durant 1 heure maximum, du bus à l’hôtel, mais bien minimum 5 heures, temps annoncé. Cette pensée nous fait tout de même revoir l’ordre des repas : on mangera le plus lourd en premier !

Il est justement temps de la pause repas. En général, on a l’habitude de partir tôt en randonnée et cette pause marque alors la moitié du trajet, voire davantage. Cette fois, comme nous sommes partis tard, seule une heure et demie s’est écoulée. Heureusement, le ciel est bleu, le vent calme et nous n’avons pas froid. Etonnant vu les températures annoncées et surtout les rafales qu’on dit si violentes ! Cependant, le fait de s’arrêter nous rappelle que la chaleur ressentie est uniquement celle produite par notre corps en marchant : on reprend rapidement la route d’autant plus qu’il nous faut arriver avant la nuit.

Chili - Torres del Paine - Rio Grey

Nous atteignons le Rio Grey qui nous donne l’occasion d’un mini arrêt-photo. A partir de là, le paysage commence à changer. Nous commençons à grimper dans les collines et à rencontrer des arbres ! Nous passons le campement Las Carretas. En redescendant la colline, une rivière nous barre le passage. On trouve plus loin un rondin de bois placé en travers par d’autres voyageurs. Et enfin, ce sont les montagnes ! Le plus beau spectacle de la journée est le lac Pehoé, d’un magnifique bleu perçant avec le Cerro Paine Grande et Los Cuernos en arrière-plan. Nous longeons le lac jusqu’au refuge Paine Grande qui ne nous apparaît qu’après avoir joué aux montagnes russes sur plusieurs kilomètres. Il est 17h30. On comprend que les durées de trajet annoncées sur nos cartes ne comprennent pas les pauses…

Chili - Trek W - Lago Pehoe

Contrairement à l’Inka Trail où l’on n’avait pas la possibilité de se doucher, les refuges payants sur le trek du W offrent cette option bien appréciable. Comme celles de l’espace camping ne sont pas encore ouvertes, nous pouvons accéder à celles du refuge. En ce qui concerne la cuisine, une cabane comprenant quelques becs de gaz, des tables et des bancs est mise à disposition pour les campeurs. Il y a déjà du monde quand nous arrivons et bien que la cabane ne soit pas chauffée, on sent que la température y est meilleure qu’à l’extérieur. On croise le couple d’Allemands qui nous avaient dépassés au début du chemin, ils ont l’air d’avoir un bon pas. La nuit tombe, il est tant de réchauffer le faux riz frit de la veille ; oh ! que c’est agréable !

Chili - Torres del Paine - Lago Pehoe

Jour 2 : Glaciar Grey

Chili - Torres del Paine - Los CuernosMurvin a lu une super idée pour s’endormir facilement malgré le froid: remplir ses gourdes Platypus d’eau chaude ! Ces bouillottes improvisées nous ont été bien utiles sur la première partie de la nuit, mais durant le reste, on s’est réveillé plusieurs froids, gagnés par les frissons ! Heureusement, le réveil avec vue sur le Cerro Paine Grande nous remet de bonne humeur. Aujourd’hui, bien que la journée risque d’être longue – 22 km, soit 7 heures annoncées – nous nous réjouissons de ne pas devoir replier la tente et reprendre nos lourds sacs. En effet, la randonnée vers le Glacier Grey nécessite un aller-retour – nous faisons la première barre du W – donc nous dormirons au même endroit. Ainsi nous n’emportons qu’un seul sac qu’on se partagera à tour de rôle. A nouveau, le couple d’Allemands nous dépasse. Ils ont replié leur tente, ce qui signifie qu’après cette randonnée, ils prévoient de poursuivre jusqu’au prochain campement vers l’est, soit 9h30 de marche, toujours sans compter les pauses…

Après une petite côte, on aperçoit le lago Grey qui est effectivement tout gris ! Déjà les premiers icebergs flottent à sa surface : le glacier n’est pas loin. En effet, on atteint un premier point de vue. Il ressemble très fort au Perito Moreno, de ce bleu si pur. Autour de nous, malheureusement, la nature a été malmenée. En 2005 un terrible incendie causé par des randonneurs a ravagé 14 500 hectares, suivis de 11 000 en 2011. La végétation peine à repousser, le climat ne jouant pas en sa faveur…

Chili - Trek W - Lago Grey

Avant de descendre vers la plage admirer le glacier de plus près, nous croisons à nouveau les Allemands qui redescendent. Cette fois-ci il semblerait bien que ce soit la dernière. Quelle pêche ! La plage, quant à elle, est couverte de galets et de sable noir.

Chili - Trek W - Glacier Grey

Au bord de l’eau, des morceaux de glace sont venus s’échouer. Murvin en prend un dans ses mains : quelle transparence, un vrai glaçon ! Il paraît tellement irréel qu’on croirait plutôt un morceau de plastique.

Chili - Trek W - Glacon

On aimerait rester encore contempler cette merveille de la nature mais il vaut mieux rentrer avant la nuit. Sur le chemin du retour cependant, nous rencontrons encore quelques marcheurs à qui la nuit ne fait pas peur. Nous remplissons notre gourde à la cascade d’une rivière pour terminer le trajet : l’eau est potable dans tout le parc. En effet elle est extrêmement pure, et nous nous étonnons presque qu’elle n’ait pas de goût ! Nous arrivons au campement entre 7h30 et 8h après notre départ. Cette journée fut la plus longue du trek.

Le soir, nous dînons à côté de Raphaël, un français installé au Chili depuis 1 an et demi avec Sara, chilienne. Ils nous racontent leur quotidien à Santiago et nous invitent gentiment à venir chez eux lors de notre prochain passage. On peut dire qu’à chacun de nos passages à Santiago, on aura eu bien de la chance !

Jour 3 : La Valle del Francès

Cette nuit-ci n’a pas été meilleure. Elle m’a semblé plus fraîche que la veille et peu de temps avant l’heure du lever, la pluie et le vent ont commencé à s’en donner à cœur joie. Quand le réveil sonne à 6h30, il fait encore nuit et je n’ai aucune envie de sortir. A côté de moi, Murvin ne bouge pas d’un millimètre dans son sac de couchage ; j’en déduis qu’il est du même avis. Comme d’un accord silencieux, on se rendort tous les deux, espérant que le temps change et qu’on puisse replier la tente sans la voir s’envoler. Heureusement, les esprits sont avec nous ! A 8h30, le jour est bien levé et le calme est revenu.

Chili - Torres del Paine -  Valle Frances

Nous quittons le camping d’un bon pas. Il ne s’agit pas de rattraper le temps perdu mais si on veut voir un petit bout de la Valle del Francès qui est fermée à mi-chemin, il ne faut pas traîner. Nous arrivons au refuge Italiano pour déjeuner. Au moment de replier nos affaires, un cerf passe juste à côté de nous, peu farouche.

Nous restons interdits de le voir de si près ! Il ne semble pas aussi curieux que nous et passe tranquillement son chemin.

Chili - Torres del Paine  - Glacier Valle FrancesEtant donné les deux heures perdues le matin, nous ne pouvons que grimper une demi-heure en direction de la Valle del Francès. Cependant, nous jouissons déjà d’une belle vue sur le glacier qui couvre la montagne tout au bout. Los Cuernos, que nous atteindrons en fin d’après-midi est également bien visible. Un vent glacial souffle de la montagne. Nous sommes heureux de ne pas avoir prévu de dormir ici. Pour arriver au refuge Los Cuernos, nous passons par une plage de galets bordant un joli lac bleu. Ce refuge-ci n’a pas encore ouvert les parties communes réservées aux campeurs. Nous pouvons donc utiliser la salle de restaurant pour manger, mais malheureusement pas pour cuisiner. Avant d’aller dormir, Murvin prépare nos bouillottes et pense même à remplir une ultime bouilloire à faire chauffer en cours de nuit au cas où le froid nous réveillerait. En effet, elle a bien servi à 3h du matin !

Chili - Torres del Paine - Cerro Los Cuernos

J 4 : Torres del Paine

Nous voilà repartis pour notre dernier jour. Cette fois, on se lève vraiment tôt car il ne s’agit pas de rater le seul bus du retour. Nous longeons le magnifique lago Nordenskjöld puis nous quittons la montagne et terminons le trek au milieu de petits buissons tous ronds.

Chili - Torres del Paine - Lago Nordenskjold

On imaginait pouvoir apercevoir les fameuses Torres del Paine rapidement, mais le premier point de vue n’est qu’à l’arrivée, après 5h de marche. Pour nous, pas de chance, une épaisse couche de nuages nous les cache. La dernière branche du W permet de les approcher mais l’accès est fermé jusque mi-parcours en cette période. On se contente de les deviner d’en bas. Murvin ne les quitte pas des yeux, espérant un dégagement avant que le bus ne vienne nous chercher. Bien joué ! Elles se détachent progressivement et au moment d’embarquer, on voit enfin à quoi elles ressemblent en vrai ! Et dans le bus du retour, devinez qui l’on retrouve ?

Chili - Torres del Paine

Ce trek fut une épreuve de plus dans ce tour du monde. Le plus dur aura été finalement la charge. Si c’était à refaire, on reverrait le contenu du sac bien qu’on ait eu l’impression d’avoir emporté le minimum ! Cependant, on se rend aussi bien compte qu’on a eu beaucoup de chance au niveau du temps : pas de pluie et le vent, bien que toujours présent, n’était jamais fort.

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6 Comments

  • je vois que Murv s’inspire de sa belle-mère pour adapter les recettes !!! (:

    • On fait avec les moyens du bord… ou plus joliement, l’art d’accommoder les restes… 🙂

  • Ça a l’air d’être une sacrée aventure : bravo! Vous étiez nombreux sur le sentier? Hormis les cervidés bien sûr ! 😉

    • C’était encore la fin de l’hiver, donc pas tant de monde que ça. Certains camping, comme Italiano étaient désert. Par contre les endroits pour faire la cuisine étaient assez occupés, je me demande comment c’est possible en été! A faire après l’Inka Trail!

  • Bonjour bonjour,
    Je pars bientôt au Chili, et je compte passer par le parc Torres del Paine. Sauf que du coup, je vais sûrement y aller en Mai ou Juin. A quelle époque est ce que vous y étiez? Les conditions sont si rudes que ça en hiver?
    Merci!

    • Salut Morgane,
      Nous y étions fin septembre. Il faisait bien froid, mais pas de la neige partout. Nous n’avons tout de même pas pu grimper jusqu’aux tours car ceux qui y sont allés ont eu de la neige assez importante. Nous n’étions pas équippés pour ça 🙁
      Bon, dans le tour du monde c’est sans doute là où on a eu le plus froid: on dormait sous tente et elle était gelée le matin. La bouteille d’eau chaude dans le sac de couchage c’est top. Bon, même quand on se réveille à 3h du mat pour en refaire chauffer!
      Mais l’expérience est géniale… rien que d’en parler, ça donne envie d’y retourner.
      A bientôt! Racontes-nous!
      Murvin

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