Bombay to Goa

Bombay to Goa

Je l’avoue, nous avons fait le trajet dans l’autre sens, mais ceux qui connaissent les films de Bollywood reconnaitront le nom du célèbre film de 1972 qui a révélé l’un des dieux vivants du cinéma indien, un certain Amitabh Bachchan ! Quittant notre petit bout de paradis de Valiyaparamba, nous allons passer quelques jours dans la région historique de Goa avant de rallier la frénétique mégalopole de Bombay. Le chemin est parsemé de péripéties, qui donneront une saveur épicée à ce roadtrip de 1000 km.

Mangalore et les joies du train

Nous nous préparons pour une journée de voyage qui commence tranquillement. Nous avons pu monter dans un train au départ de Payyanur à destination de Mangalore en achetant la veille des places de dernière minute : ce sont les quotas dits Tatkal en Inde.

En revanche, à Mangalore, c’est la cacophonie générale. Notre correspondance n’apparait sur aucun affichage et quand on se renseigne, personne ne la connait ! Après maintes questions auprès des membres du personnel qui semblent avoir quelque responsabilité, nous apprenons que notre train effectue son premier voyage aujourd’hui. C’est l’inauguration ! D’où le manque d’information et de signalétique. Et nous sommes aux premières loges pour assister aux cérémonies de bénédiction du train : il est entièrement décoré de fleurs et banderoles.

Inde - Inauguration train Mangalore

Un prêtre vient donner une petite prière. Ces festivités engendrent évidemment du retard, mais pour nous, cela n’a aucune importance : nous sommes habitués à vivre sans horaire et à partir quand on veut ou quand on peut.

A bord, on nous sert gratuitement du thé et des gâteaux, on est vraiment bien tombé ! Dans notre wagon un groupe de collègues fête bruyamment la nouvelle ligne, prenant des photos et nous faisant même écrire le premier mot dans leur livre d’or. On apprend qu’ils attendaient cette ligne depuis plus de 10 ans ! Nous discutons culture, langues, voyages, c’est un vrai moment de partage. Je n’ai pas encore de moustache pour faire tout à fait local…

Inde - Train Tatkal

L’arrivée à Margao (Magdao) est tardive et nous n’avons pas d’autre choix que de prendre un taxi pour rejoindre le centre. Sur le trajet, nous sommes étonnés de ne rencontrer que des rues désertes qui en deviennent lugubres. C’est la première fois que l’on voit des gens dormir dehors à même le sol. Le taxi nous laisse juste devant l’hôtel que nous avions repéré à l’avance et on s’y engouffre sans attendre.

Le marché de Magdao et les joies du bus

De très bon matin, la vie reprend ses droits et nous nous mêlons à une foule qui nous dévisage. La « blanche » Chloé attire les regards et mon type indien à côté d’elle surprend. On ne sait pas trop si je suis indien, mais alors comment se fait-il que je marche aux côtés d’une blanche…? Nous découvrons le marché local, le lieu le plus intéressant de la ville. Pas mal d’enseignes ou de produits à consonnance portugaise.

Inde - Marche Magdao

Inde - Marche Margao

On y achète quelques fruits et des noix de cajou, la spécialité de Goa, afin de ne pas déroger aux bonnes habitudes diététiques même en voyage.

Notre balade matinale terminée, nous prenons la direction de Panjim (Panaji). Le bus est bondé et avec nos gros sacs à dos, il est difficile de se faire une place. On se fait même gronder par le chauffeur qui estime qu’on prend trop de place dans son bus. Le front perlé de sueur dans ce four en métal par 34 degrés dehors, nous arrivons à bon port et nous extirpons de notre cage. Panaji est effectivement situé en bord de mer et nettement plus agréable que Magdao. Un rickshaw hélé au passage nous amène à la Casa Paradiso, un petit hôtel en plein centre de Panaji. L’hôtel n’est pas paradisiaque et la climatisation fait un bruit infernal ; malgré la chaleur on essaiera de dormir sans.

Panaji et Old Goa

Au déjeuner, on se régale de petits pains traditionnels goans appelés pavs accompagnés de grosses crevettes de la région. La chaleur nous incite à nous adapter au rythme local : petite sieste digestive avant d’aller contempler la belle Eglise de Notre Dame de l’Immaculée Conception construite à l’époque de la colonisation portugaise.

Inde - Eglise Panjim

Les allées le long des quais sont plus rafraichissantes grâce à la brise marine, cependant, bordées d’une route très fréquentée, bruyante et polluée, elles n’invitent pas à la promenade.

Nous terminons la journée dans un restaurant un peu chic, découvrant une autre spécialité locale, le fish xacuti, un curry cuit dans du lait de coco. Nous n’avons malheureusement pas eu l’occasion d’essayer le crab xec xec, également parfumé au coco.

Les petits déjeuners aussi sont très typiques de l’Inde du Sud. Masala dosa – crêpe croustillante à base de riz et de lentilles blanches – et chai – thé épicé au lait – nous calent bien avant de démarrer les activités. C’est à pied cette fois que nous rejoignons le terminal de bus pour aller passer la journée à Old Goa, situé à une dizaine de kilomètres et baptisée la Lisbonne d’Orient par les portugais. La rue principale est bordée de part et d’autre de monuments et bâtiments historiques datant de l’époque portugaise, comme la Cathédrale Sé. Les jardins sont particulièrement bien entretenus, mais la chaleur continue son travail d’assommoir. L’église et couvent Saint-François d’Assise et le Bom Jésus offrent des petites haltes fraîches.

Inde - Old Goa cathedrale

Inde - temperature meteo Goa

On regagne Panjim dans l’après-midi et y poursuit notre visite, admirant les maisons historiques aux murs décorés de marbre bleu et flânant au marché aux poissons.

Inde - Marbre bleu Panaji

Inde - Marche aux poissons

On découvre ensuite un restaurant qui sera la révélation de cette ville. On y retournera trois fois sans jamais être déçus : bon, pas cher, fréquenté par des locaux et varié ! Que demander de plus ?

Inde - Thali epice

A Panaji, les jardins de Campal sont un incontournable, surtout pendant les fortes chaleurs. Cet espace vert entre la ville et la plage est très ombragé et extrêmement calme. D’autant plus qu’aujourd’hui c’est « notre dimanche » plus ou moins hebdomadaire dans ce tour du monde. D’ailleurs je ne sais plus trop quel jour on est, mercredi ou jeudi je crois. Après un petit bol d’iode et de verdure, nous trouvons un café avec du bon café et le wifi pour notre petit ordinateur de voyage  – ce n’est pas toujours évident de trouver les deux ensemble – afin d’écrire un article sur le trek que nous avons fait au Myanmar.

Chloé, quant à elle, se promène un peu dehors et se trouve nez à nez avec une grande cérémonie pour la fête de Maha Shivaratree, dédié au dieu Shiva.

Inde - Shiva

Inde - Femmes en Sari

Inde - Ceremonie religieuse

Les bus-couchettes indiens

Nouvel épisode de bus ce soir. Nous quittons Panajii pour Mumbai. Contrairement aux voyageurs qui n’ont pas beaucoup de temps, nous préférons habituellement voyager de jour et passer une nuit complète dans un bon lit. Pour cette fois, nous n’avons pas le choix : pour 14h de trajet il n’y a que des bus de nuit. Mais alors, rien à voir avec les couchettes des bus d’Amérique du Sud ! Ici, ce sont de vrais lits où l’on dort complètement couché ! Un étroit couloir sépare les lits doubles d’un côté et les lits simples de l’autre. Il y a deux niveaux, nous avons choisi celui du bas. Ce n’était pas une très bonne idée car on ne peut pas tenir assis ! On dîne comme on peut d’un tandoori de poulet accompagné de légumes crus et d’un onion kulcha, un genre de naan aux oignons délicieux, le tout commandé à notre cantine de Panajii. On est balloté de gauche à droite, d’avant en arrière et le pire ce sont les virages… Impossible de lire, il n’y a rien à faire d’autre que se coucher.

On s’endormait presque lorsque le bus s’est arrêté et nous a tous fait sortir pour le repas. Ce fut aussi notre dernière halte pour les toilettes, le bus n’étant pas équipé. L’assistant du chauffeur est des plus insupportables : il réveille les passagers en les bousculant et s’énerve avec tout le monde… Avec la femme du camping Nelson à Moorea ils feraient une bonne paire parmi les gens les plus désagréables de ce tour du monde.

Vers 6 heures du matin c’est le drame, une roue semble avoir éclaté. Nous sommes arrêtés au bord de l’autoroute. La roue changée, nous repartons, mais peu de temps après, nous sommes contraints de changer de bus. Nous n’en saurons jamais la raison : la roue de secours n’a-t-elle pas tenu ? Une autre a-t-elle rendu l’âme ? Le bus dans lequel nous montons étant déjà rempli, cette fois nous sommes 4 par lit double et 2 par lit simple.

Inde - Bus Mumbai

Cela ne gêne nullement les indiens qui finissent leur nuits, blottis contre des inconnus. Chloé et moi, séparés, restons assis pour la fin du voyage. Nous étions censés arriver au centre de Bombay, mais ce bus débarque tout le monde à une heure du centre… Nous négocions pendant de longues minutes avec les taxis qui nous attendent comme par hasard à la descente du bus. Un petit stratagème avec la compagnie du bus sans doute ? J’appelle notre ami de famille et chauffeur taxi de Bombay pour connaître le prix exact. Je négocie comme un diable et finis par obtenir le prix demandé. Il nous faut encore trouver un hôtel à Bombay car comme d’habitude, nous n’avons rien réservé.

Ayant déjà séjourné à Bombay avec mes parents, j’ai décidé de revenir dans le sympathique quartier de Colaba. On visite quelques hôtels, grimpant parfois 4 étages avec nos sacs, sans trouver quelque chose de bien ou dans le budget. Celui-ci est complet, celui-là est insalubre, celui-ci trop cher. On finit par suivre un vendeur de chaussures qui nous recommande un hôtel à bon prix. Le souci c’est qu’une fois sur place, le propriétaire n’est pas vraiment d’accord avec le prix de son rabatteur. Nous pouvons néanmoins négocier car nous restons 4 jours. La propreté n’est pas leur fort mais la chambre reste correcte. On s’étonne seulement de cette petite chambre étouffante sans fenêtre alors que l’hôtel s’appelle le Sea View… Pour l’heure, nous n’avons plus qu’une envie : récupérer un peu de force avec un gros dodo (et je ne parle pas du voyage de Moris) avant de commencer la visite de cette grande ville !

Le Taj et le Gateway of India

Inde -  Taj Hotel Mumbai

A quelques mètres de notre bicoque délabrée se trouve l’un des symboles de Mumbai et de l’hôtellerie. Le Taj Hotel et sa construction imposante, un petit bijou surplombant la mer. Nous en faisons le tour. En 1997, j’y suis rentré avec mes parents pour découvrir l’intérieur richement décoré, mais depuis les attentats terroristes, il est apparemment plus facile d’attaquer Fort Knox que de toucher l’une des pierres du Taj.

Un peu plus loin, c’est la cohue sur l’esplanade de Gateway of India. Chloé est prise en photo par toutes les familles indiennes en vacances. Sa peau blanche et ses cheveux dorés lâchés font fureur !

Inde - Bombay Gateway

Mumbai et les joies de la voiture

Nous retrouvons Ritu Singh, un ami de longue date de la famille et chauffeur de taxi dans Bombay. Je ne l’ai pas vu depuis quelques années. A l’heure dite, un taxi passe et repasse devant nous, sans jamais s’arrêter. Il revient peu après et je crois reconnaître les traits de Ritu. Il faut avouer que ce n’était pas chose simple : il ne reste rien de sa grande barbe et de son turban sikh ! Il est rasé de près, avec embonpoint plus prononcé qu’à l’époque et sans couvre-chef.

Je baragouine quelques mots de hindi appris grâce aux films de Bollywood et du dialecte créole-hindi qui se parle aussi à Maurice. Nous avons prévu de passer la journée ensemble, visitant les lieux les plus intéressants de la ville.

Nous commençons d’abord par l’un des endroits que je préfère dans Bombay, Hadji Ali Temple. La marée n’est pas encore tout à fait haute. De temps en temps une vague lessive la jetée qui mène au temple. Ses murs se terminant par des escaliers sont battus par les vagues. Le temple – qui est plutôt une mosquée – se détache au milieu de l’eau. Il fait très chaud et comme c’est vendredi, jour de prière, l’endroit est surpeuplé. Ce sont les hommes, surtout, qui sont présents. Chloé sent tous les regards braqués sur elle et la plupart ne s’en cache même pas.

Inde - Haji Ali Temple Mumbai
Nous rejoignons la côte et rentrons ensuite dans le Mahalaxmi temple. A l’entrée, un homme vend des graines que les gens achètent pour… les pigeons ! Nous allons aussi voir les lavoirs traditionnels de Mumbai, le Mahalaxmi Dhobi Ghat, le plus grand lavoir humain au monde. Des milliers de vêtements sèchent sous le soleil de plomb et si vous avez donné vos vêtements à laver à Mumbai il y a de fortes chances qu’ils soient passés par ici.

Inde - Lavoir humaine Mumbai

Singh nous propose ensuite d’emprunter le Sea Link qui relie Worli a Bandhra. C’est une route construite sur la mer qui permet d’avoir une vue sur Mumbai tout en évitant les embouteillages.

On se balade quelques instants du côté de Marine Drive et Nariman Point. Les rochers avec la petite route qui longe la mer fait penser à la promenade des Anglais à Nice.

Malabar Hill quant à lui est le quartier huppé de Mumbai. De très grandes résidences et des voitures de luxe témoignent de la richesse du coin. Le milliardaire Mukesh Ambani, patron de Reliance Industries et homme le plus riche de l’Inde, a fait construire sa maison-immeuble de 27 étages… contrastant avec les bidonvilles de Mumbai où vivent plusieurs millions d’habitants.

Inde - Malabar Hill Mumbai

Avant le déjeuner, nous grimpons jusqu’aux Hanging Gardens (jardins suspendus) et au parc Nehru qui offre une très belle vue sur la plage de Chowpatty.

Inde - Chowpatty plage Mumbai

Pour terminer la journée, un passage par le quartier de Churchgate avant d’aller admirer la superbe architecture du CST Chattrapatti Shivaji Terminal (Victoria Terminal), High Court et l’université de Mumbai.

Un dîner succulent au Delhi Darbar, à base de rogan josh (préparation d’agneau) et romali roti (pain indien très très fin) résume le niveau gastronomique de cette destination: une explosion d’épices et de saveurs. Pour le petit déjeuner, un petit coin végétarien nous enchante chaque matin avec ses uttapam, masala dosa, idli, sambar… Terrible !

Inde - Petit déjeuner dose et uttapam

Une institution également que Bade Miya qui réalise kebab et autres grillades dans la rue.

On s’accorde du bon temps chez le fameux Leopolds – établissement à ce propos victime des attentats de 2007 – mais nous sommes extrêmement déçus par les pâtisseries qui avaient l’air si bonnes en vitrine…

Côté musée, on nous a particulièrement recommandé le Chatrapatti Shivaji Museum (anciennement Prince of Wales). Il est vraiment très instructif et varié. Nous y apprenons l’histoire de l’Inde et notamment les interactions avec les civilisations frontalières – tibétaines, chinoises, népalaises. On y découvre aussi des peintures miniatures datant du 18ème siècle, des dessins d’une telle précision qu’il faudrait, pour bien les étudier, les regarder à la loupe ! Bijoux anciens, sculptures des dieux, peintures occidentales du temps de la colonie, armes anciennes… complètent la riche collection. L’audio-guide en français nous a permis de profiter entièrement de la visite.

Elephanta Caves et les joies du bateau

Depuis le Gateway of India, un bateau nous emmène en 45 minutes sur l’île d’Elephanta. Avec la brume, on n’aperçoit bientôt plus Mumbai. Le débarquement sur Elephanta est suivi d’un petit trajet en train que nous ne prenons pas, préférant la marche à pied. Une série d’escaliers bordés d’étals de commerçants mène aux caves.

Inde - Elephanta Caves

Sur place des guides du gouvernement font des visites comprises dans le billet d’entrée. C’est bien utile pour comprendre l’histoire et la symbolique des sculptures vieilles de 1400 ans ! La cave principale est dédiée à la vie du dieu Shiva. Chaque tableau sculpté représente une étape de sa vie.

Inde - grottes sculpture Shiva

Les quatre autres caves se visitent seul, elles sont moins spectaculaires. Vers 13h, nous sommes dans le bateau du retour. Un peu de repos, et bien sûr une sortie shopping dans les centaines d’échoppes et de magasins de Colaba pour le plus grand bonheur de Chloé qui adore les vêtements indiens et qui se fera un plaisir de les porter ici, puis aux évènements festifs à Maurice.

Delhi et les joies de l’aéroport

Auboodhoomonde - Dodo Moris - Inde desert du TharLe réveil est très matinal. Le long de Marine Drive, certains font leur jogging avant de se rendre au travail. Nous avons pu dégoter un vol pas cher pour New Delhi où se poursuivra notre tour du monde et de l’Inde. Un seul comptoir pour enregistrer tout un avion avec des procédures compliquées pour les bagages et la sécurité nous fait attendre deux heures. Une dame se sent mal dans la queue et deux files jouent des coudes pour passer en premier. Quoiqu’il arrive, je me sens zen et respire à fond… Nous avons beaucoup gagné en patience et cédé en exigence… Je rêve les yeux ouverts : à nous les beautés du Rajasthan et du désert du Thar !

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